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Avant de commenter sur les médias sociaux

Voici une petite bande dessinée que j’ai créée pour enseigner aux jeunes (et à certains adultes) comment s’assurer qu’on ne fait pas de mal aux autres ou à soi-même avant de commenter sur les médias sociaux. Tout ce qu’on publie peut se retourner contre nous; mieux vaut être prudent que regretter!

Parents, profs, éducateurs et éducatrices, bibliothécaires, vous pouvez imprimer cette affiche gratuitement à des fins éducatives. Aucune utilisation commerciale ne sera permise.

Vous pouvez la télécharger ici. Pour voir mes autres affiches gratuites, c’est par ici. Pour voir mes livres, c’est par ici.

Les conséquences de mon implication en soutien à la Palestine

Un article de Marc Cassivi qui parle de ce qui m’est arrivé après des mois d’activisme sur les médias sociaux en soutien à la population palestinienne:

Une patate à l’index
Censure à la Bibliothèque Juive de Montréal

Une patate à vélo, livre illustré de l’auteure à succès Elise Gravel, raconte l’histoire d’une pomme de terre à bicyclette, d’un brocoli qui sait compter et d’une mouche qui parle au téléphone. C’est un livre à l’image de son œuvre extrêmement populaire auprès des jeunes lecteurs, pleine d’humour, d’esprit et d’humanité. Elise Gravel, la citoyenne, est une progressiste qui dénonce les injustices. Aussi, elle a exprimé beaucoup de compassion, ces derniers temps, pour les enfants de Gaza.

Plus de 5000 enfants sont morts à Gaza depuis quatre mois. Quelque 11 000 enfants gazaouis ont été blessés, plus de 17 000 enfants sont séparés de leurs parents et des milliers d’autres sont portés disparus selon l’UNICEF, qui rappelait mercredi que la bande de Gaza est « l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant ».

Elise Gravel écrit des livres pour les enfants. Il tombe sous le sens qu’elle ait de l’empathie pour les enfants victimes du conflit israélo-palestinien, y compris bien sûr les 36 enfants assassinés par le Hamas le 7 octobre dernier. Elle dénonce évidemment sur les réseaux sociaux, où elle a des dizaines de milliers d’abonnés, le massacre de milliers d’enfants palestiniens par l’armée israélienne. Cette auteure primée est une excellente vulgarisatrice. Elle fait un travail essentiel d’éducation populaire, notamment sur la situation à Gaza, où la déshumanisation du peuple palestinien a atteint des niveaux ahurissants.

La Bibliothèque publique juive de Montréal vient de mettre Une patate à vélo ainsi qu’une trentaine de livres d’Elise Gravel à l’index. Il s’agirait d’une décision de son nouveau directeur général, Alain Dancyger, qui fut à la tête des Grands Ballets Canadiens (GBC) pendant 22 ans.

Pourquoi ? Parce qu’Elise Gravel compatit avec le malheur des Palestiniens ? Parce qu’elle pourfend le gouvernement de coalition de droite et d’extrême droite de Benyamin Nétanyahou ? Parce que des militants pro-israéliens l’accusent d’antisémitisme ?

Plusieurs, notamment chez les progressistes israéliens, estiment que par sa violence, le gouvernement israélien actuel nourrit l’antisémitisme. D’autres semblent confondre critique du gouvernement israélien et antisémitisme, une accusation qui est portée avec beaucoup trop de facilité et de légèreté ces jours-ci. Il ne manque pourtant pas d’occasions de dénoncer l’antisémitisme, le vrai, qui est en recrudescence.

Elise Gravel reconnaît que certains dessins qu’elle a publiés ces derniers mois sur les réseaux sociaux ont pu sembler équivoques ou reposer sur des informations dont la véracité n’est pas démontrée. Dans l’un d’eux, qu’elle a ensuite retiré, elle citait par exemple un de ses abonnés qui prétendait qu’« Israël a la plus vaste banque de peau au monde, récoltée sur des Palestiniens », une affirmation qu’elle a plus tard elle-même qualifiée de « problématique ». Elle dit avoir été ouverte aux commentaires de ses lecteurs et prompte à rectifier le tir. « Parfois, si quelqu’un fait un commentaire pertinent, je modifie mes publications pour clarifier », dit-elle.

La Bibliothèque publique juive de Montréal (BPJ), située dans le quartier Côte-des-Neiges, a néanmoins décidé de retirer tous les livres d’Elise Gravel, en anglais comme en français, de ses rayons. Même si elle les juge « objectivement inoffensifs », humoristiques et éducatifs. « L’ensemble de son œuvre que la BPJ détient à ce jour sera toujours accessible, sur demande, précise une porte-parole par voie de communiqué. Cette approche reflète notre engagement à répondre aux différentes préoccupations et sensibilités de la collectivité tout en permettant l’accès à une diversité de perspectives. » Le directeur général, Alain Dancyger, n’a toutefois jamais répondu à notre demande d’entrevue. On repassera pour le dialogue.

Pour avoir désormais accès aux livres d’Elise Gravel à la BPJ, il faudra donc en faire la demande expresse à un bibliothécaire, au comptoir. Comme pour les lames de rasoir à la pharmacie… Il n’y a pourtant, dans les œuvres telles que Le pire livre du mondeBienvenue à la monstrerie ou Je suis terrible, pas la moindre référence au conflit israélo-palestinien, à la colonisation, au mépris des résolutions de l’ONU, aux notions d’apartheid ou de génocide. « Mes livres n’abordent absolument pas les sujets pour adultes que j’aborde sur les réseaux sociaux », m’explique Elise Gravel en entrevue.

Qui aurait cru qu’au Québec en 2024, on mettrait des livres à l’index, comme au temps de Duplessis et de la Grande Noirceur ?

En 2010, alors qu’il était à la tête des GBC, Alain Dancyger dénonçait lui-même ce qu’il disait s’apparenter à une forme de censure de la part du gouvernement conservateur de Stephen Harper, qui avait sabré les programmes d’aide aux tournées à l’étranger.

Qu’une bibliothèque publique, qui devrait être un sanctuaire de la liberté d’expression, puisse prendre une telle décision est non seulement absurde, mais inadmissible, scandaleux et révoltant. Or, dans une chronique publiée mardi dans The Suburban, un hebdomadaire anglophone de l’ouest de Montréal, le conseiller municipal de Côte-Saint-Luc Mike Cohen souhaitait que « d’autres bibliothèques emboîtent le pas ». Rien que ça.

« Ça n’a pas lieu d’être dans une bibliothèque publique », confirme Ève Lagacé, directrice générale de l’Association des bibliothèques publiques du Québec, dont ne fait pas partie la Bibliothèque publique juive de Montréal. Si les demandes de retrait de la part de citoyens sont très fréquentes dans les bibliothèques publiques du Québec, essentiellement pour des raisons idéologiques (la diversité de genre, par exemple) ou de révisionnisme historique, il est extrêmement rare que l’on y retire une œuvre des rayons.

« On est vraiment des gardiens assez farouches de la liberté intellectuelle. On est vraiment contre la censure », rappelle Ève Lagacé, pour qui il est primordial de ne pas amalgamer l’auteur et l’œuvre, ce qui n’a manifestement pas été fait par la BPJ. « Ici, la distinction est facile à faire », dit-elle avec raison.

Une campagne de dénigrement

La mise à l’index de ses livres est l’aboutissement d’une campagne de harcèlement, d’intimidation et de dénigrement d’Elise Gravel sur les réseaux sociaux. « Les insultes que je reçois sont inimaginables, dit-elle. Parce que je suis en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, on me traite de pédophile, de complice de viols et de terrorisme. On m’a dit que je devrais être électrocutée. Des parents m’ont dit qu’ils avaient dû expliquer à leurs enfants pourquoi leur auteure chouchou voulait qu’ils meurent dans une chambre à gaz. Mais c’est moi qui suis dangereuse, semble-t-il… »

Malgré le torrent de haine qui l’accable – elle a même reçu des menaces de mort –, Elise Gravel persiste et signe. Il n’est pas question qu’on la fasse taire parce qu’elle ose courageusement exprimer ses opinions. Elle est appuyée par de nombreux militants pour la paix avec qui elle collabore, notamment ceux de l’organisme Voix juives indépendantes Canada, qui subissent comme elle des salves incessantes d’insultes depuis des mois. « Simplement parce qu’ils manifestent de la compassion pour Gaza », se désole-t-elle.

Il n’y a pas qu’à la Bibliothèque publique juive de Montréal qu’on a fait des pressions afin de nuire à la réputation et à la carrière d’Elise Gravel. L’auteure et illustratrice fait aussi l’objet d’une campagne « d’annulation », de la part de militants pro-israéliens qui réclament à ses éditeurs qu’elle perde ses contrats. Il s’agit ni plus ni moins d’un appel à la censure d’œuvres artistiques. Elise Gravel s’y connaît en la matière, elle qui a vu l’un de ses livres, sur les stéréotypes de genre, banni dans plusieurs États du sud des États-Unis après une campagne de boycottage.

Contrairement à la croyance populaire, la culture du bannissement est un phénomène beaucoup plus répandu chez les conservateurs que chez les progressistes. Il n’y a qu’à faire un tour dans une bibliothèque floridienne pour s’en convaincre.

Qu’une telle censure s’immisce dans une bibliothèque québécoise devrait tous nous inquiéter. On importe chez nous les méthodes de la droite identitaire américaine pour s’attaquer à la liberté d’expression des artistes. Elise Gravel remarque ce glissement depuis un certain temps, notamment avec les militants anti-trans. « Ça fonctionne, dit-elle. Ça réduit des voix au silence. »

Selon l’adage, quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Quand on veut faire taire la critique des politiques d’Israël, on dit qu’elle est antisémite. « C’est de la diffamation. Ce sont des accusations graves que je n’accepte pas. Je vais agir en conséquence », me confie Elise Gravel, qui est représentée par l’avocat Julius Grey.

L’artiste ne se laissera pas museler. Et elle a bien raison. Comme le disait Élie Wiesel, Prix Nobel de la paix 1986 : « J’ai juré de ne jamais me taire quand des êtres humains endurent la souffrance et l’humiliation, où que ce soit. Nous devons toujours prendre parti. La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime. »

C’est normal de faire des erreurs!

Voici une petite affiche à imprimer pour expliquer aux enfants qu’il est normal et humain de faire des erreurs et qu’en plus, c’est une excellente façon d’apprendre!
Parents et profs, vous pouvez télécharger et imprimer cette image ici. Aucune utilisation commerciale ne sera permise.Pour voir mes autres affiches, c’est par ici dans la section « Affiches à imprimer ». Pour mes livres, par ici. Pour voir mes futures affiches, suivez-moi sur les médias sociaux (à droite).

 

Affiche à imprimer: C’est quoi, l’autisme?

J’ai fait cette courte bande dessinée pour expliquer l’autisme aux enfants. Évidemment, je n’y ai mis que ce qui entrait dans une image d’une seule page; ceci est un résumé très sommaire. Vous pouvez utiliser cette ressource pour démarrer des conversations ou pour simplifier le concept. Je ne suis pas une experte en matière de TSA.

Parents, enseignantes, éducatrices et bibliothécaires, vous pouvez l’imprimer gratuitement pour la maison ou l’école. Aucun usage commercial ne sera toléré. * Les OSBL oeuvrant auprès des enfants et des personnes autistes peuvent aussi utiliser cette image.

Vous pouvez télécharger l’affiche en haute résolution en cliquant ici; pour voir mes autres affiches éducatives gratuites, c’est par ici dans la section « affiches à imprimer ».

Pour savoir quand je poste de nouvelles affiches gratuites, suivez-moi sur les médias sociaux (liens dans la colonne de droite). Je tiens d’ailleurs à remercier les nombreuses personnes qui, grâce à leurs commentaires constructifs, m’ont aidée à améliorer cette bande dessinée. Vous pouvez lire ces échanges ici.

En faisant mes recherches, je suis tombée sur ce court-métrage très touchant que je recommande chaleureusement:

* Pour obtenir le droit d’utiliser cette image à d’autres fins que celles mentionnées plus haut, svp contactez mon agente via mon formulaire contact (ci-haut).

Pourquoi je fais aussi des livres en anglais?

J’ai des lecteurs qui sont déçus que je n’écrive pas exclusivement en français.

Lecteur déçu, je te comprends. C’est pourquoi je prends le temps de t’expliquer pourquoi j’ai des projets en anglais. J’aimerais que tu me comprennes, toi aussi.

Je fais des livres pour enfants parce que c’est ma passion. J’aime vraiment, vraiment ça. Et j’aimerais encore mieux ça si je pouvais gagner ma vie en faisant seulement des livres en français au Québec.

Mais ça ne se peut pas. Le Québec francophone, c’est un trop petit marché. On est pas assez de monde, et on n’achète pas assez de livres.

Un auteur jeunesse moyen fait autour de 2500$ par livre en droits d’auteur, au Québec. Et ça me prend entre trois mois et un an pour faire un livre pour enfants. Si tu fais le calcul, ça ne me fait pas un très gros revenu annuel.

C’est donc impossible pour moi de gagner ma vie en faisant des livres pour enfants en français. Il y a quelques auteurs jeunesse québécois qui y arrivent. Par « quelques », je veux dire qu’ils se comptent sur les doigts d’une main. Et je ne fais pas partie de cette main. Les autres auteurs, pour en vivre, nous devons faire autre chose : des ateliers scolaires, de la pige, des boulots de rédaction ou de révision, de l’édition.

J’ai quelques options pour gagner ma vie dans ce contexte :

1 – Je pourrais faire un autre travail à temps plein (de la pige, du graphisme, de la vente par téléphone?) et faire mes livres pour enfants le soir, à temps perdu, quand mes enfants sont couchés. Mais j’en ai pas envie. Ce que je veux faire à temps plein, c’est des livres. Et ce que je veux faire à temps perdu quand mes enfants sont couchés, c’est ranger la cuisine, faire les lunches, prendre un verre de vin, parler à mon chum, lire.

2 – Je pourrais publier en France. Mais c’est pas une vraie option. En France, c’est aussi dur qu’ici; il y a mille millions d’éditeurs, six cent mille millions de livres par an qui sont publiés, c’est pas facile de garder la tête hors de l’eau là-bas. Et les avances ressemblent pas mal aux nôtres, 2000-3000$ par titre. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.

3 – Je pourrais écrire des livres en anglais. C’est l’option que j’ai choisie. Je ne te dirai pas combien je suis payée pour faire des livres aux États-Unis, mais pour te donner une idée, les éditeurs anglos paient en général entre quatre et vingt fois ce que je reçois ici pour faire le même livre.

Assez, dans mon cas, pour gagner un revenu annuel décent en ne faisant QUE des livres jeunesse. C’est mon rêve. Le rêve de ma vie. Gagner ma vie en faisant des livres.

Évidemment, mon but n’est pas que de faire du fric au point d’en oublier mon public francophone. Je continue donc de faire des livres en français, comme Le Grand Antonio; un livre profondément québécois et montréalais, juste pour nous-autres. Jusqu’ici, tout ce que je fais en anglais est aussi traduit en français, alors que l’inverse n’est pas vrai.

Mais je dois faire des projets en anglais pour vivre mon rêve, et je dois les promouvoir, ces projets. Personne ne me connait, là-bas. C’est pourquoi certaines de mes pages web sont uniquement en anglais, et d’autres uniquement en français. Je n’ai pas le temps de tout traduire; je dois faire des choix. J’aimerais ça, que tous mes projets existent dans les deux langues.

Je pense que je fais mon bout de chemin pour la culture québécoise francophone. Je fais lire des enfants qui n’aiment pas trop lire. Je suis présente en français sur les médias sociaux. J’ai même importé un bel anglo de Toronto qui parle mieux français que bien des québécois, avec qui j’ai eu deux filles beaucoup plus francophones qu’anglophones. Je soigne mon français partout où je l’utilise, même en textant. Je fais tout ce que je peux pour protéger ma langue et la promouvoir.

Mais je veux continuer de faire des livres jeunesse à temps plein.

C’est tout.

Bio

Je suis née à Montréal en 1977 et j’ai commencé à dessiner pas très longtemps après ma naissance. À la maternelle, j’étais populaire parce que j’étais capable de dessiner des princesses avec de longs cheveux en spirale. Ensuite, au secondaire, les filles me demandaient de leur dessiner leur mec idéal dans leur agenda. Je suis devenue très douée pour dessiner des muscles et du poil, ce qui m’a servi plus tard lorsque j’ai illustré mon livre Le Grand Antonio. Par contre, je suis toujours aussi nulle lorsque vient le temps d’utiliser correctement un agenda.

Plus tard, j’ai étudié le design graphique au Cegep et c’est là que j’ai compris que je voulais faire de l’illustration. Après mon premier livre, le Catalogue des Gaspilleurs, j’en ai écrit et illustré une trentaine d’autres. L’un de mes livres, La clé à molette, a remporté le prix du Gouverneur Général dans la catégorie Illustration, et depuis ce temps j’ai une grosse tête et je me vante tout le temps.

J’habite à Montréal avec mes deux filles, mon mari, mes chats et quelques araignées. Je travaille présentement sur divers projets au Québec, au Canada anglais et aux États-Unis. Mes livres sont traduits dans une douzaine de langues. J’espère vivre longtemps pour pouvoir faire encore des tas et des tas de livres parce que j’ai encore des tas et des tas d’idées.

Questions-réponses : ENFANTS

Es-tu riche?

Non, mais je ne suis pas pauvre non plus. Je suis bien.

Où travailles-tu?

J’ai un atelier au-dessus de ma maison. Mon atelier est plein de toutous et de tasses à thé (je bois vraiment beaucoup de thé), et souvent mes chats viennent me rendre visite et en profitent pour marcher sur mon clavier, ce qui donne des trucs comme aèvponwu^4qvènjv.

Qu’est-ce qui t’inspire?

Je suis très curieuse et j’aime observer ce qui se passe autour de moi. Mes enfants, leurs amis, mes voisins, les animaux de ma ruelle, les insectes : tout ça me donne des idées de personnages, de caractères, de personnalités. Je m’intéresse aux gens et aux animaux qui ne sont pas comme les autres. Je suis attirée par tout ce qui est étrange, différent, rigolo.

J’aime aussi beaucoup lire et je lis toutes sortes de choses : des romans, des bandes dessinées, des magazines, des livres pour enfants, des documentaires, et ça aussi, ça me fait explorer de nouveaux univers. Ça me donne aussi des idées pour en inventer moi-même ensuite.

J’ai souvent mes meilleures idées le soir, juste avant de m’endormir. On dirait que mon cerveau se met en mode « rêve » et que toutes les idées les plus bizarres sont permises. C’est bon pour la créativité, mais pas pour le sommeil : il faut souvent que j’allume ma lumière pour noter mes idées…

Comment as-tu commencé à faire ce métier?

J’ai étudié le graphisme à l’école. Le graphisme, c’est une discipline où on essaie de faire passer un message en utilisant des images et du lettrage. Les graphistes font, par exemple, des affiches, des sites web, des livres, des magazines, des publicités… Dans le programme de graphisme, on faisait beaucoup d’illustration, et j’aimais ça.

Quand je suis sortie de l’école, je n’avais pas de clients encore, j’étais une inconnue et une débutante. Alors j’ai rencontré des illustrateurs professionnels qui m’ont dit : « Développe ton style! Les clients aiment embaucher des illustrateurs qui ont des styles bien définis ». Comme je n’avais pas encore de style, j’ai dû travailler là-dessus. Je me suis inventé des clients qui n’existaient pas et j’ai fait des affiches pour eux. Ça me permettait de me pratiquer à dessiner. Pour rendre le travail plus amusant, j’ai inventé des clients rigolos et des produits bizarres qui n’existent pas.

Quand j’ai eu une vingtaine d’affiches, je les ai posées sur le plancher de ma chambre et en les regardant, je me suis dit : « Il me semble que ça ferait un drôle de livre pour enfants ». J’ai donc fait des photocopies de mon livre et j’ai envoyé tout ça à un éditeur, les 400 coups. Puis j’ai attendu, attendu… longtemps! Et un jour, surprise : l’éditrice m’a dit qu’elle adorait mon projet d’affiches drôles, et les 400 coups ont décidé de faire un livre avec! Ce livre, c’est le Catalogue des Gaspilleurs.

J’ai tellement aimé cette expérience que j’ai continué à faire plein de livres après ça. Et vous connaissez la suite…

Comment fais-tu tes dessins?

Au début, je faisais mes illustrations à l’acrylique sur du carton. Puis, plus tard, j’ai commencé à dessiner à l’ordinateur, avec une tablette graphique spéciale. Je dessine directement sur mon écran, dans le logiciel Photoshop.

Je recommence souvent mes dessins. Deux, trois fois, parfois même dix fois! C’est très rare que je réussis ce que je veux accomplir tout de suite. Je fais des erreurs, je recommence, j’efface, je recommence encore… c’est important d’apprendre à accepter de faire des erreurs si on veut devenir bon dans quelque chose.

Comment étais-tu quand tu étais petite?

J’étais très curieuse. J’aimais observer les insectes, la nature. J’adorais les animaux et toutes les bestioles bizarres. Je faisais du bricolage, ou je cherchais des salamandres sous les pierres dans la forêt. J’aimais aussi beaucoup les bandes dessinées et les livres drôles. Je lisais tout le temps!

J’adorais les livres de Roald Dahl. Il écrivait des romans très drôles avec des créatures bizarres, comme des géants répugnants et des sorcières déguisées en femmes normales. Ses méchants étaient vraiment méchants! Et ses enfants étaient vraiment débrouillards.

Les livres de Roald Dahl étaient illustrés par Quentin Blake. J’ai beaucoup d’admiration pour ces deux créateurs.

Quels conseils donnerais-tu à un enfant qui veut devenir illustrateur?

Dessine tout le temps! Dessine tout et n’importe quoi. Regarde tes livres préférés et essaie d’imiter les dessins que tu y vois. Il n’y a pas de mal à imiter, c’est vraiment une très bonne façon d’apprendre! Tu peux même calquer des dessins si tu veux : ça aide à comprendre comment tracer des lignes, comment composer des formes. Les plus grands peintres ont appris en copiant leurs idoles pour commencer. Ne t’inquiète pas, un jour, tu développeras ton style à toi.

N’aie pas peur de faire des erreurs! C’est mon conseil le PLUS IMPORTANT. Accepte de ne pas être parfait dès le début. Tu trouves ton dessin moche? Prend une grande respiration. Essaie de voir ce que tu pourrais améliorer, puis recommence. Et recommence encore.

Garde toujours en tête que même les grands artistes sont parfois insatisfaits de leur travail. C’est normal. Ça ne veut pas dire que tu n’as pas de talent, que tu n’es pas bon en dessin. Ça veut juste dire que tu as envie de t’améliorer encore, et ça, c’est une bonne chose!

Moi, je fais souvent des dessins que je trouve laids. Des fois, je me dis : « je n’y arriverai jamais. Ça ne donnera jamais ce que je veux ». Mais je recommence encore et encore, et au bout d’un moment, je finis par être contente de mon travail. On apprend toute la vie!

J’ai lu quelque part que la clé du succès, ce n’est pas le talent, c’est le nombre d’heures qu’on passe à pratiquer. Alors il faut pratiquer beaucoup, beaucoup. Il n’y a pas de magie dans ce métier! Tous les illustrateurs que je connais sont des gens qui adorent dessiner et qui le font le plus souvent possible. C’est aussi simple que ça. Alors allez, à tes crayons!

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Questions-réponses : ADULTES

Es-tu riche?

Toujours pas.

Acceptes-tu de nouveaux contrats ou des demandes d’illustrations personnalisées?

J’ai énormément de projets en chantier pour le moment et je ne peux donc pas faire d’illustrations personnalisées. J’accepte à l’occasion de nouveaux contrats via mes agentes au Québec et aux États-Unis. Contactez-les ici; seules les offres sérieuses seront considérées.

Fais-tu des visites dans les écoles/les bibliothèques?

J’en ai fait beaucoup par le passé, mais j’ai dû faire le choix d’arrêter temporairement pour me consacrer à mes livres et à ma famille. J’essaie de compenser en étant très présente sur les médias sociaux et en répondant à mon courrier, en particulier celui que m’envoient les enfants. J’en reçois beaucoup, et j’adore ça.

Est-ce que je peux utiliser tes illustrations sur mon blogue/dans un article/dans ma classe?

Oui, si vous ne faites pas de profit en les utilisant et si vous me citez correctement comme l’auteure de ces illustrations.

Quels conseils donnerais-tu à un adulte qui veut devenir illustrateur?

Ça, c’est une très grosse question. J’essaierai d’y répondre en petits morceaux dans mon blogue. Suivez-moi sur Twitter ou sur FB pour être tenu au courant de mes nouveaux articles. Mais si j’avais un seul conseil à vous donner pour le moment, ce serait « joignez une association locale d’illustrateurs, comme Illustration Québec ». Vous y rencontrerez une foule de gens intéressants et y trouverez beaucoup de réponses à vos questions, en plus d’avoir l’occasion de parfois faire le party avec du monde super cool.

J’aimerais aller prendre un café avec toi un de ces quatre pour discuter de mon projet/de mon portfolio/de mes espoirs d’artiste.

Je suis sûre que j’aimerais ça aussi! Mais malheureusement, j’ai tellement de travail que j’ai du mal à voir mes amis proches et ma famille assez souvent à mon goût. Mais comme j’ai beaucoup de jasette, j’essaie de convertir ça en blabla sur mon blogue ou sur les médias sociaux. J’y suis tellement active que ça vous donnera l’impression d’être assis en face de moi.

Peux-tu illustrer le livre pour enfants que j’ai écrit?

Pour le moment, j’ai une grosse poignée de projets en chantier; je ne serai pas disponible pour illustrer les projets d’autres auteurs pour les trois prochaines années (au moins). Et pour être honnête, je suis beaucoup plus à l’aise quand j’illustre mes propres textes que ceux des autres.

J’ai écrit un livre pour enfants. Je n’ai pas de contacts dans le monde de l’édition. Peux-tu m’aider?

Beaucoup d’auteurs qui débutent n’ont pas de contacts dans le milieu. La meilleure chose à faire, c’est de faire le tour des librairies et de dresser une liste des maisons d’éditions que vous aimez et chez qui vous pourriez imaginer votre livre. Ensuite, visitez le site web de ces maisons d’édition : plusieurs maisons auront une page où ils indiquent à qui envoyer votre manuscrit (s’ils en acceptent de nouveaux). Sinon, vous pouvez les contacter via les médias sociaux ou par courriel et leur demander le nom de la personne à qui vous pouvez l’envoyer.

J’aimerais bien vous donner mes contacts personnels mais ce ne serait pas très respectueux pour mes amis éditeurs qui préfèrent sélectionner eux-mêmes leurs auteurs. Si votre manuscrit est bon, il trouvera son chemin, contact ou pas!

J’ai écrit un manuscrit et j’aimerais trouver un illustrateur connu qui accepte de l’illustrer. Comme ça, j’aurais plus de chances de trouver un éditeur, non?

Pas nécessairement. De façon générale, les éditeurs n’aiment pas trop quand de nouveaux auteurs arrivent en imposant un illustrateur en particulier. Les maisons d’édition ont des directeurs artistiques dont un des rôles est de sélectionner les illustrateurs qui pourraient le mieux mettre en valeur les textes choisis. Ces directeurs artistiques n’ont pas nécessairement les mêmes goûts que vous. Il serait plus simple et moins risqué que vous soumettiez votre manuscrit tel quel.

Peux-tu lire mon manuscrit et me donner tes conseils?

J’aimerais tellement pouvoir aider tous les auteurs en devenir! Mais la réalité, c’est que je reçois énormément de demandes de ce genre, et que si je répondais à tout le monde, ça me prendrait tout mon temps de travail. Et en plus, je suis une très mauvaise critique parce que je déteste faire de la peine et que je ne vous donnerais que des commentaires positifs, ce qui ne vous aiderait pas du tout. Heureusement, il existe des tonnes de groupes de discussion en ligne où les gens partagent leurs projets en échange de critiques constructives.

Peux-tu me donner des conseils de marketing?

Je crois qu’il y a autant de chemins à prendre que d’illustrateurs. C’est une question très complexe! Si j’avais à résumer mes trucs en quelques points, ce serait :

• Suivez vos artistes préférés et prenez des notes. Sur quels médias sociaux sont-ils présents? Où obtiennent-ils le plus d’engagement et d’attention? Quel type de publication leur attire cette attention? À quel type de publication avez-vous le plus envie de réagir, et pourquoi?

• Lisez des blogues à ce sujet. De nombreux illustrateurs ont la générosité de partager leurs trucs marketing avec leurs fans. Un de mes meilleurs exemples est Lisa Congdon, qui donne des ateliers en ligne et qui écrit constamment à ce sujet. Il en existe plein d’autres! Faites vos recherches.

• Expérimentez. Postez toutes sortes de trucs et voyez comment les gens réagissent. Et essayez plusieurs plateformes! Tumblr, Facebook, Instagram, Pinterest… vous ne saurez pas laquelle fonctionne le mieux pour vous tant que vous ne les aurez pas toutes essayées!

• Préparez-vous à passer beaucoup (trop) de temps sur les médias sociaux. Se faire connaître, ça prend de la patience, du temps et de l’énergie. Il n’y a pas de recette magique!

• Faites du réseautage! Baignez dans le milieu. Vous observerez toutes sortes de techniques, ferez des rencontres intéressantes, aurez de nouvelles idées promo.

Ce qui fonctionne pour moi ne fonctionne pas nécessairement pour d’autres, et l’inverse est aussi vrai. Vous devrez trouver votre façon de communiquer avec votre public. N’oubliez pas de vous amuser en chemin!

Je vois que tu fais souvent des illustrations, affiches et macarons pour des bonnes causes. J’ai une cause importante qui a besoin de soutien. Peux-tu faire une illustration pour aider mon groupe/organisation/projet social?

Je reçois ÉNORMÉMENT de demandes d’aide de la part de toutes sortes de causes, de groupes et d’organismes. 99,999% du temps, c’est une cause qui me tient à cœur aussi et que j’aimerais aider. Mais malheureusement, je n’ai que deux mains et 24 heures par jour : il me serait absolument impossible d’aider tout le monde qui me le demande, peu importe l’importance que j’accorde à leur cause. Je dois donc répondre non la plupart du temps.

Les dessins que vous voyez sont des causes personnelles que j’ai choisi d’illustrer pendant mes rares temps libres. Il faut que ça vienne de moi et que je les illustre à ma guise. Je dois prioriser mes projets personnels si je veux garder ma santé mentale : des projets personnels, j’en ai beaucoup!

Si je refuse le vôtre, ce n’est pas parce que je ne trouve pas votre cause importante: c’est juste que j’ai, en plus de ma carrière et de mes propres causes, une famille et des amis à qui je veux aussi consacrer du temps.

Pourquoi fais-tu certains projets en anglais?

La réponse courte: parce que ça me rapporte beaucoup plus que les projets en français, et parce que j’ai besoin de ce revenu pour vivre de mes livres. La réponse longue ici.

SaveSave

Don pour les femmes autochtones

 

Je suis tès touchée par la situation difficile des femmes autochtones canadiennes et j’ai eu envie de faire un geste pour les aider. J’ai créé une ilustration pour leur montrer ma solidarité et mon support. Sur les médias sociaux, les gens ont beaucoup apprécié l’image, et plusieurs m’ont demandé de la vendre chez Sur ton mur pour aider la cause. 

C’est maintenant chose faite: l’illustration est disponible en ligne au coût de 50$. Tous mes profits et ceux de Sur ton mur, soit 35$ par achat, iront à l’organisme Femmes Autochtones du Québec pour les aider à soutenir leur communauté. Je sais, après avoir discuté avec elles, que la survie de l’organisme est menacée dans le contexte d’austérité actuel. Merci de partager et de sensibiliser vos proches à la cause des Premières Nations. Pour acheter le print, c’est par ici.

Mise à jour: après une journée de collecte de fonds, nous avons amassé 1260$ et vendu 34 prints. Le post Facebook a été partagé 242 fois: n’hésitez pas à le partager vous aussi sur les médias sociaux, ça aide!