Le livre qui m’a donné envie de faire des livres jeunesse

Ma maison de Delphine Durand est le premier livre qui m’a donné le goût de faire moi-même des livres pour enfants. Vous pouvez remercier Delphine si vous aimez mon travail; si vous ne l’aimez pas, vous pouvez lui faire une grimace, mais ça serait pas très poli.

Je l’aime tellement, ce livre, que je ferais dodo avec. Il est hilarant et magnifique. Pas d’histoire: juste une présentation de tous les personnages et animaux bizarres (les mous!!! Je veux un mou chez moi, tout de suite) qui habitent ladite maison, et de tous les bidules qu’on y trouve.

Ce n’est pas un livre qu’on lit d’une traite; ça se dévore par petits bouts, ça se commence par la fin, ça se fouille. C’est un livre tellement dense qu’on y  trouve toujours des petits détails rigolos qui nous avaient échappé.

Ma fille se perd dedans régulièrement. Un must pour les enfants qui ont du mal à lire de longs textes mais qui ont le sens de l’humour aiguisé (et pour les parents qui ont tendance à s’endormir en lisant des livres à leurs enfants).

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Attention attention: aux dernières nouvelles: Delphine Durand elle-même nous annonce une suite en 2015 au Rouergue! Et même trois suites, dont la première parlera spécifiquement des MOUS. Bonheur.

« Les enfants, qu’est-ce qu’un hipster? » Réponses:

Je posais la question pour mon roman graphique, mais j’ai obtenu des réponses tellement cutes que je les ai illustrées. La question, posée via ma page FB, était « Pouvez-vous demander à vos enfants ce qu’est un hipster et me donner leur réponse? » Exercice pas mal chouette; à refaire. Je pense le réessayer avec des mots comme « Octogénaire » ou « Technicien ».

Monsters saying stuff

 

Voici mon nouveau projet: Monsters saying stuff. Ça va être un peu comme Humans of New York, mais avec des monstres au lieu des humains, et pas toujours à New York.

Je ne devrais pas passer mon précieux temps à des niaiseries de même, mais c’est trop le fun. Je prédis pas mal de procrastination à venir avec ça.
 
Le site est en anglais parce que j’essaie, tout en niaisant, de développer mon public anglophone puisque j’ai des livres qui paraissent dans cette langue, et que je suis pas mal moins populaire avec eux que dans mon pays. J’aimerais pouvoir traduire tout ce que je fais, mais c’est impossible; je ferais beaucoup moins de choses si c’était le cas. Je fais donc des trucs exclusivement en français, d’autres exclusivement en anglais, et d’autres dans les deux langues. Celui-ci, c’est juste en anglais.
 
Si vous m’envoyez des photos de votre quartier (un café, un trottoir, des marches d’église, votre perron, n’importe quoi), vous pourriez finir par voir un monstre sur votre photo, qui dit des choses. Mais comme je risque aussi d’être débordée et/ou de recevoir beaucoup trop de photos, ça se peut que je ne puisse pas toutes les utiliser.
 
Je posterai aussi les photos sur Instagram.
 
Amusez-vous bien!

Illustrateurs engagés: mettez vos culottes!

 

J’ai un cœur de militante. J’ai aussi une grande gueule, des opinions sur tout (oui oui ! j’ai même des opinions sur les raviolis et sur le chiffre 6) et des provisions d’indignation suffisantes pour qu’on puisse en distribuer à ceux qui en manquent après ma mort.

À cause des sujets que j’explore dans mes livres jeunesse, j’ai souvent été étiquetée, à raison, comme illustratrice engagée.  C’est pour cette raison que de nombreux OSBL me contactent pour que je fasse des illustrations pour eux, le plus souvent gratuitement. Je suis flattée qu’on pense à moi pour ces mandats.

J’en ai fait beaucoup, des illustrations gratuites pour des causes qui me tiennent à cœur. C’est parce que j’ai un cœur qui tient à plein d’affaires. L’environnement, le féminisme, l’égalité sociale sous toutes ses formes, je suis pour. Alors j’ai dit oui à tout, au début. Et j’ai appris pas mal de trucs pour que ça se passe bien, que je partage ici pour ceux de mes collègues qui ont le cœur mou comme moi.

J’ai découvert avec stupeur que les bonnes causes, c’est souvent les pires clients pour les illustrateurs. Mes contrats pour les OSBL les plus chouettes ont très souvent viré au cauchemar.  Un exemple : L’association des Victimes du Pied d’Athlète contre la Cruauté envers les Brocolis (l’AVPACEV) voulait une affiche. On m’a demandé 10 esquisses (habituellement, je n’en fais pas plus de trois), des dizaines de modifications, des tas de changements au final. L’image passait par tout le conseil d’administration et chaque membre avait son mot à dire.

C’est très très démocratique, habituellement, des OSBL. Une des membres voulait que je dessine une femme noire ici. Une autre voulait un punk là, et une personne avec un handicap physique à côté. Un autre m’a demandé de dessiner un keffieh à un de mes personnages, et son voisin voulait que je l’enlève parce que ça pouvait être confondu avec un voile. On voulait que j’ajoute un transgenre, mais pas trop stéréotypé. Quelqu’un voulait que j’ajoute un peu d’humour, mais quelqu’un d’autre trouvait que c’était une mauvaise idée parce que ça enlevait du sérieux au message.

Bref, on m’a demandé pour ce mandat gratuit trois fois plus d’efforts et de temps que ce que je dépense habituellement pour mes contrats payants. Et c’était encore pire quand j’ai fait un dépliant pour le Regroupement Inter-ethnique des Tables de Concertation des Esthéticiennes Anti-Phosphates (le RIETCEAP).

La démocratie au sein des organismes, c’est super, et je ne voudrais pas que ces gens fonctionnent autrement.  J’aime ben ben ça, la démocratie. Et c’est normal aussi que les OSBL ne soient pas habitués de travailler avec des graphistes ou des illustrateurs et qu’ils ne connaissent pas  toujours la valeur du travail qu’ils demandent. Mais le fait est que ça rend la tâche difficile à ceux qui, comme moi, veulent donner un coup de main et n’ont pas beaucoup de temps.

J’ai arrêté de dire oui à ces demandes pendant un temps, c’était trop exigeant. Puis je me suis dit : « Fudge ! » (je me dis ça des fois.) « J’ai pas envie d’être une fille qui dit non au bénévolat. Je VEUX donner un coup de main. Comment faire sans y laisser ma peau ? »

J’ai décidé de recommencer à dire oui à ce type de demandes, mais en établissant mes limites au départ, et en éduquant les clients.

Si vous me contactez pour faire une affiche pour votre organisme et que j’ai envie/le temps de le faire, je vais vous dire : « OK. Pour une affiche, je demande habituellement XXXX $. (Ça, je dis ça pour que le client sache que je dois être traitée avec le même respect que son électricien ou que son plombier, que je suis pas juste une tite madame qui aime ça dessiner, que je suis une professionnelle, oui môssieur.)

Je suis prête à vous la faire gratuitement à ces conditions : pour le travail gratuit, j’offre un maximum de deux esquisses, de trois modifications à l’esquisse choisie, et aucune modification au final à moins d’un problème grave. Si vous pouvez vivre avec ces conditions, on a un deal. »

Et ça marche ! Je suis satisfaite, le client est satisfait,  les demandes incessantes ont été éliminées et je peux continuer mon implication sociale sans laisser de côté mon gagne-pain.

C’est vraiment chouette, en plus, de faire du travail bénévole. Ça me fait travailler des trucs différents, ça me fait du bien au moral et ça peut être très formateur. Ça m’a même permis de me faire connaître et de me trouver de bons clients au début de ma carrière.

Je recommande à tout le monde d’en faire. Mais mettez vos culottes. Tout le monde est content quand on porte nos culottes, surtout en tout début de relation.

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Post scriptum: Olivier, un copain Facebook graphiste, suggère d’exiger un interlocuteur unique quand on travaille bénévolement. Cette personne devra faire office de médiateur et modérer les demandes du restes de son équipe. Une autre lectrice, pour sa part, fait signer des contrats listant ses conditions de travail à tous ses clients bénévoles. Très bonne idée! Avez-vous d’autres trucs pour vous faciliter la tâche?

Conseils pour parents d’artistes anxieux

J’aime ça, dessiner. Je ne dessine pas parfaitement; je ne réussis pas toujours ce que je veux faire, et des fois, je regarde mon dessin et je me dis : « c’est de la crotte. »

Mais c’est pas grave : j’aime ça, dessiner, bon! Je trippe, quand je dessine.

Et comme j’aimerais que mes enfants trippent aussi, je réfléchis beaucoup à ma façon de leur communiquer ma passion. J’ai deux filles très « artistes » qui ont tendance à douter beaucoup. Des tempéraments anxieux, comme leur maman. Les rendre confiantes par rapport à leur art, c’est pas du gâteau.

Mes filles produisent environ 3245 dessins par semaine. Les dessins envahissent la maison, les sacs à dos, les murs de leur chambre, mon bureau, et si je ne fais pas attention, ils tapisseront bientôt les parois de la litière à chats et l’intérieur du compartiment à fromages du frigo. On croirait qu’elles sécrètent des dessins par les pores de leur peau, comme les dromadaires (tu savais pas que les dromadaires sécrètent des dessins, huh?)

Ça fait que, à force de m’extasier sur leurs œuvres, j’ai 1) développé des crampes aux mâchoires et 2) découvert que la formulation de mes commentaires avait tout un impact sur leur confiance en elles.

 En gros, j’ai découvert que pour mes filles, «Il est beau, ton dessin» ou «Tu as du talent» étaient des commentaires anxiogènes. Comme si elles avaient peur de perdre de la valeur à mes yeux si elles ratent leur dessin et n’obtiennent pas ma gratification.

 Ma plus jeune, qui est particulièrement tête de cochon et drama-queen (comme sa maman), s’est un jour mise à paniquer quand elle trouvait que ses dessins n’étaient « pas beaux ». Elle déchirait ses œuvres, se mettait à pleurer, criait « je suis pas booonne! »

C’est là que j’ai compris que le résultat (i.e. mon approbation) était devenu plus important pour elle que le plaisir de l’activité en elle-même. Elle ne dessinait plus par plaisir, elle dessinait pour plaire. Elle essayait de se conformer au niveau de qualité qu’elle imaginait nécessaire pour conserver mon estime. Et c’est là que j’ai commencé à formuler mes commentaires autrement.

 Quand elle vient me montrer ses dessins, maintenant, j’essaie de lui en parler sans utiliser de jugement de valeur. Je ne lui dis plus que ses dessins sont « beaux » ou « bons ». J’essaie plutôt de valoriser le plaisir qu’elle prend à dessiner, les efforts qu’elle déploie, les risques qu’elle prend. Je veux que mon commentaire la ramène à ce qu’elle aime elle-même dans son dessin.

 J’ai découvert que les commentaires formulés comme des questions sont particulièrement efficaces pour amener ma fille à parler de son processus, de ce qui la rend fière d’elle-même, de ce qu’elle a envie d’améliorer.

 Voici des exemples de ce que je dis à ma plus jeune quand elle me montre ses réalisations. Mon objectif, c’est de lui faire comprendre que ce qui m’intéresse, c’est ce qu’ELLE-MÊME éprouve en dessinant, et non pas le résultat éblouissant de son coup de crayon.

 – Il y a tellement de détails dans ce dessin! Tu t’es beaucoup appliquée?

– C’est original, ce soleil mauve! Tu as eu cette idée toute seule?

– Je vois que maintenant tu fais des yeux de manga à tes personnages. Tu aimes ce style?

– Tu riais toute seule en faisant ta Monster High. Tu t’amusais en la dessinant?

– Avant, tu avais du mal à dessiner des mains. Maintenant, tu es capable! Ça te rend fière?

– Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton dessin?

 Et mon commentaire préféré, que je sers à toutes les sauces :

– J’aime ça, te regarder dessiner.

On vit dans une société de performance où les résultats et l’opinion des autres ont une importance démesurée. S’il y a un domaine où un enfant de cinq ans devrait être libéré de cette pression de rendement, c’est bien dans la peinture aux doigts, non?

Tatouages temporaires

Des tatouages temporaires de petits monstres qu’on va bientôt vendre en ligne chez Sur ton mur. Il y en aura aussi de la géniale Isabelle Arsenault, et ça va être beau!